Grossesse et plongée

"Je suis enceinte" a-t-elle déclaré en arrivant, un grand sourire aux lèvres. Puis elle a enchaîné : "Je peux continuer à plonger ?"

Au CODEP des Vosges, nous pensions que la réponse à cette question était facile et établie avec certitude depuis longtemps : "Non!", bien entendu. Pourtant...

 

Attention, pas de faux espoir : une femme enceinte ne plonge pas, ni en apnée, ni en scaphandre. Même en piscine.

 

En effet, le foetus est particulièrement exposé aux accidents de désaturation, et notamment à l'embolie gazeuse. Des bulles dangereuses pourraient se former dans son fragile organisme en voie de développement, alors que la mère serait encore asymptomatique. Des études sur l'animal soulignent aussi un risque d'avortement, de retard de croissance, de malformations, voire de décès intra-utérin.

 

Pour autant, très peu d'études ont été menées chez les femmes enceintes. De plus, celles qui existent sont de piètre qualité (petits effectifs, etc.). Bon, on comprend pourquoi : ne faire courir aucun risque inutile aux futures mamans ou à leur bébé. En outre, ni les tables de plongée, ni les algorithmes d'ordinateurs ne prennent en compte la grossesse. Haldane, Bühlmann et les autres n'y ont pas pensé (que des hommes...!)

Enfin, reconnaissons que la combinaison ou le gilet ne sont pas vraiment très adaptés.

 

La réponse "Tu ne plongeras pas" à une femme enceinte est donc plutôt l'application du principe de précaution que le résultat d'études scientifiques rigoureuses. Cela n'empêche pas de s'y conformer. Heureusement, la pratique du palmage, en surface et sans scaphandre, est tout à fait possible.

 

Au fait, quel est le risque chez une plongeuse qui ne se savait pas enceinte ? Jusqu'à six semaines de grossesse, le risque serait minime. Au-delà, il nécessiterait une évaluation par le gynécologue-obstétricien.

 

Quant à la reprise de la plongée, elle est décidée au cas par cas. En général, trois à quatre semaine après un accouchement par voie naturelle sans complication, et trois mois après une césarienne.

 

(source : Journal of Obstretics and Gynaecology Canada 218;40(11):1490-1496 et DAN AlertDIver, 15 juillet 2019)

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